1 –
Ce qui s’écrit ici à partir du texte précédent et de la recherche d’une certaine écriture qui soit aussi vaillante qu’une certaine action – ou bien, faire que l’écriture et l’action remontent plus haut et plus loin que l’une et l’autre séparément ne peuvent aller, seules. Ou bien, peut-être, la communauté de ce rapport, l’une et l’autre séparément d’abord, puis reliées ensuite, remontées par le point extérieur, retrouvailles après séparation
Ce qui s’écrit à partir d’une situation et d’un rapport qu’on voudrait établir honnêtement entre l’une et l’autre – et qui ne peut jamais s’établir vraiment honnêtement entre l’écriture et la situation, sauf, oui, en redivisant chacun des espaces de lui-même : diviser, séparer deux fois pour rapprocher, retrouvailles après séparation
Du secret et de la délivrance du secret. Du temps long, des choses qu’on garde en soi, des secrets, des choses qu’on ne montre pas, des choses qu’on protège, des choses qui dorment, des choses qui attendent, des choses qu’on tait, des choses qu’on mange, des choses qu’on digère, des choses qu’on nourrit, des choses qui bougent sans bruit
Penser séparer à partir de la fabrication des choses inutiles. Créer des choses inutiles pour les cacher d’abord. Le début de l’idée par le retrait de l’idée. Le début de la pensée par la suppression de la pensée. Le nuage, l’ombre, la percée, la pluie, l’écriture de l’énergie
L’énergie solaire et l’énergie humaine. Le lien écrit entre les espèces non écrites. Le lien énergétique. Le rapport de la dépense à l’économie. L’écriture productive et l’écriture improductive. La poésie facile. La poésie facilite les rapports. Le luxe de l’inutile. Le luxe de l’inutile, le soleil, le dieu – ont trop dépensé. Le trop dépensé qui retourne. Le renversement en son contraire. La poésie et l’auto-consumation énergétique de l’auteur par son texte. La politique des auteurs. Une poésie qui faciliterait les rapports entre les espèces et la circulation de l’énergie. Une poésie qui durcirait les rapports entre les espèces et la circulation de l’énergie. Dire le faux pour le vrai. L’humour. Avoir de l’humour avec la poésie. Le rapport entre l’énergie illimitée la profusion insensée de lumière et l’exploitation de l’homme par l’homme, et l’exploitation de la planète par l’homme, la poésie passée par le rayon lumineux
Et
Par ailleurs
La vente d’armes. Le langage des armes et du désarmement. Ce qui est pris ici et redonné là. La vente d’armes internationales. Le propriétaire de l’arme. L’État propriétaire de l’arme internationale qu’il revend, ailleurs, plus tard, moins cher. L’aliénation de ma propre mort. La pratique de la guerre et le refus du désarmement. La virilité et le désarmement sexuel. L’homme désarmé. Le poème désarmé. Le jour où les hommes ont voulu tirer sur le soleil. Et l’oreille de Vincent Van Gogh
L’écologie ramenée à la dépense, à la profusion, à la consumation, au meurtre. Le rapport entre la poésie et l’écologie. L’humour et le meurtre. Le rapport entre la poésie, l’écologie, l’humour et le meurtre. Et la limite du rayonnement. Et l’exposition au rayonnement. Et la recherche de contrepartie. Et l’humour qui permet de dépenser simplement l’énergie accumulée
Et
Par ailleurs
Le vaccin international. Le vaccin international vendu moins cher sans bénéfices, aux pays pauvres. La grande injection bradée. Offerte. Le solde. L’angoisse du solde. L’angoisse du rabais. Le manque de confiance. L’absence totale de confiance portant sur la santé. L’absence totale de confiance de la santé promise par le capitalisme pharmaceutique
Et
Par ailleurs
Le singe. La sexualité du singe et de la chauve-souris et ce que raconte cette histoire. Et pourquoi on l’écoute. Et pourquoi elle revient. Et pourquoi c’est encore la même. Une poésie qui faciliterait le rapprochement entre les espèces. Le tabou du rapprochement entre les espèces. La poésie du tabou sexuel. La conjuration poétique de l’amour de l’homme pour le singe. La sexualité poétique abusivement solaire pour ressusciter nos ancêtres, retrouvailles après séparation
2 –
Ce qui s’écrit ici à partir du texte précédent et de la recherche d’une certaine écriture qui soit aussi vaillante qu’une certaine action. Et la question d’une position qui ne serait ni celle de la seule action ni celle de la seule théorie. Il faudrait reculer – remonter, au niveau philosophique ou même existentiel – c’est ce que vous proposez je crois. Reculer ou remonter (j’aime bien ce verbe) se percevoir penser et en pensée, de plus loin, de plus haut.
Le point, là, à partir duquel agir, lire, enquêter, réfléchir.
Il n’y a pas de donné – se présentât-il dans les apparences évidentes de la guerre, du déluge, de la pandémie.
Vous semblez avoir cru un moment que ce donné existait pour lui-même et vous êtes aperçu qu’il n’existait pas sans le monde qui le saisit, sans un ensemble de discours qui nous adressent ce monde. Le donné n’existe pas sans ma pensée non plus. En effet, on arrive exactement à la limite de cette espèce de connaissance que nous avons tous plus ou moins, qui forme à peine la conscience que nous avons de certains faits (le nucléaire, la crise écologique). À un certain point, il semble que plus nous sommes conscients et avertis de l’évidence des catastrophes, plus nous reculons dans nos capacités à agir. Ce que nous savons inhibe action, pensée, réalité même.
Il est question de ce que nous faisons de ce que nous savons.
Ce que je fais du savoir que j’ai, de la connaissance que j’ai.
Alors sont désignées ici toutes les formes (séminaires, livres, vidéos) par lesquelles cette fragmentation, cet écho amplifié du capital prospectif se manifeste en recherches, jusqu’à nous, jusqu’à nos propres recherches dont vous semblez dire qu’elles n’atteignent pas leur cible. Vous semblez ne pas croire aux recherches, à ce travail, à tout ce travail – ou bien, plutôt, je crois : vous vous demandez en quel nom il est réalisé.
Il est question de ce que nous faisons de ce que nous savons – et de pourquoi on le cherche, avec qui, avec quelle idée, quel désir derrière la tête. C’est là que la politique relève peut-être de la plus grande violence, qui suppose une décision qui va très au-delà de la connaissance, de la conscience que nous avons des choses. Cette décision, vous le rappelez, a déjà été prise entre nous. Elle s’est comme soustraite, oubliée, quand elle était initiale, ferme, résolue.
Vous y retournez. Vous y remontez.
Vous avez trouvé dans cet oubli que chacun nous commencions à ressembler à tous ceux qui oublient – plutôt : à ceux qui n’ont jamais eu rapport à cette espèce de décision, ce désir que l’on a choisi dans la révolution, à un moment. Vous désignez alors en chacun peut-être cet oubli, cette sorte d’imbécilité par laquelle on survit, oubliant comment, oubliant par quelles pensées on décide. Le communisme est le nom d’un refus de l’imbécilité à vivre. Le nom d’un refus qui doit s’exercer contre soi, sans cesse, contre l’imbécilité en soi – et il faut alors ouvrir son cœur jusqu’à cette imbécilité en soi et en chacun, reconnaître comment les êtres arrivent à vivre, à survivre même, aimer leur ignorance, aimer notre ignorance, et choisir.
Dionys Mascolo a associé le communisme à l’idée qu’il faudrait pouvoir faire comme si on avait décidé de venir au monde.
Evidemment cette raison ne peut valoir pour un.e seul.e.
Vous sentez la force que vous donne cette phrase.
Faire comme si on avait décidé de venir au monde.